vendredi 4 septembre 2009

Bagatelle


Attrape bien mes hanches
Dansons la tarentelle
Puis, sous la lune blanche
Tentons la bagatelle

Ne sois pas indécis
Je ne suis pas farouche
Je t’offre cette nuit
Mon corps sera ta couche

Je bomberai mes seins
Comme le matador
Et cambrerai mes reins
Pour que tu viennes encore

Je te sais patelin
Tu me vois libertine
Jusqu’au petit matin
Je serai ta Justine

Ecoute le désir
Il chante son cantique
Et pose ton zéphyr
Sur ma voix séraphique

Oublions le mari
La fière concubine
Et leur amphigouri
Trop pâle grenadine

Soyons anachorètes
En cette bacchanale
Notre danse secrète
Ne peut être banale

Attrape bien ma taille
Approche ton bassin
Mon ventre est ton sérail
Un tourbillon sans fin

jeudi 27 août 2009

La lettre oubliée



Je suis de retour en Irlande
Dans cette chambre singulière
Aux souvenirs en guirlande
Tessons de vie, éclats d’hier

De la fenêtre, j’entrevois
Les oiseaux planer dans le vent
Ce vent qui porta jusqu’à toi
Une lettre écrite au présent

C’était il y a longtemps déjà
C’était un jour, c’était demain
Pour nous, le temps n’existe pas
Il gît tout au creux de nos mains

La brume, en son manteau épais
Couvre le trait de l’horizon
Les fjords lui font un palais
Où venir poser un feston

J’ai, tant de fois, voulu t’écrire
Pour te raconter mes voyages
Mais ma plume restait de cire
Telle une ride sur un visage

Il m’arrive encore de danser
La valse triste des lilas
Que tu adorais fredonner
Quand je m’endormais dans tes bras

Est-ce l’aura dans cette pièce
Ou bien tout mon désir de toi
Qui fait que je ne mets en pièces
Ce papier couché devant moi ?

A côté de ma signature
Je vais omettre de te dire
Ce mot que, souvent, tu murmures
Mais que je n’ose pas redire

Dans l’enveloppe bien scellée
Sur le rebord d’un guéridon
Elle sera la lettre oubliée
Au destinataire sans nom

vendredi 21 août 2009

Le Brenoï amoureux


Les chemins d’Orcival mènent jusqu’à ton lit
Que déserte l’ennui, les soirs de mélodies
Quand ton piano joue au milieu de la nuit
Pour ce nouvel amour que ton âme supplie.

Aux abords du Guéry, elle vit dans l’inconnu
D’une chanson qui naît sur tes cordes mouillées
Et Margot, l’infidèle, montrera son sein nu
Sous la note sifflée que caresse l’ondée.

Un vol de milan noir vient troubler les hérons
Dans ce Cheyenne automne tout juste naissant
Quand l’omble chevalier danse aux côtés des joncs
Loin des jeux audacieux des feux de la Saint-Jean.

Dans ta biaude souillée et tes esclops usés
Sous tous les vents de foehn, berger de Chamablanc
Tu repenses, insouciant, aux baisers échangés
Avec une pucelle, Col de la Croix-Morand.

C’est la nature du genre de vouloir tant aimer
A se tordre les mots sur du papier-émeri
Du plus grand cimeterre et sa lame d’acier
Tu crains le bleu final d’un amour interdit.


à l'ami Bergheaud

vendredi 14 août 2009

Ambrosius



Dans tes arènes bleues, sous le soleil levant
Tes doigts bagués de sang ont déchiré cent fois
La robe d’Aurélia.

Regarde l’assiégée, Ménade aux yeux d’Onyx
Princesse évaporée des eaux troubles du Styx
Ta cité du pardon.

Elle embrassa ta bouche et ta peau burinée
Par tous les vents salés d’innombrables combats
La spatha sous le bras.

Par-dessous ton armure, à l’ombre d’un murmure
Elle caressa ton cœur au gré de tes humeurs
Ton glaive au creux des reins.

Errante au Mont Badon, son voile s’émiette
Elle redoute Léthé, tu sais bien qu’il vous guette
Pour un dernier baiser.

mercredi 5 août 2009

Poetria


Je t’envoie un poème aux syllabes muettes
Quelques vers brisés sur un trait sémantique
Un quatrain de pensées, aujourd’hui, désuètes
Acrostiche imparfait d’un amour idyllique.

Je t’écris quelques mots qui ne riment à rien
Pour crier, en silence, que l’amour est mon roi
La césure est épique autant que notre lien
Et le point de suture vient s’imposer à moi.

J’en oublie le haïku sous le verbe acéré
Quand se réchauffe l’ode au manteau de Verlaine
Puis, je pense, tout bas, au poète oublié
Qui m’offrit un sonnet aussi doux que la laine.

En dévoilant mon cœur, je tente l’hémistiche
D’une plume émoussée qui, ce soir, jette l’ancre
Au bord de la métrique, sous mon regard de biche
Bien plus voluptueux que le bleu de ton encre.

J’évite le tercet et ses pieds trop vernis
Car, dans l’alexandrin, s’endort Alexandra
Mais, du ciel onirique, tu sauras que je suis
La légende dorée, immortelle Ambrosia.

mercredi 29 juillet 2009

Seras-tu là?


Seras-tu là, à l’aube de mon dernier jour
Au bout du long chemin, à la fin du parcours
Quand les étoiles me feront une aubade
En m’offrant, de la lune, son iris de jade ?

Seras-tu là, ami, pour me tenir la main
Quand, pour moi, il n’y aura plus de lendemain
Plus de désir, plus de rêve, plus d’avenir
Mais de tristes adieux en pluie sur un soupir ?

Seras-tu là, amant, pour un seul « je t’aime »
Ce bien trop clair obscur objet de l’anathème
Quand mon âme fatiguée du temps passé
Revêtira ce doux parfum d’éternité ?

Seras-tu là, amour, pour demander pardon
Pour ces heures perdues en paroles sans nom
En posant un baiser sur mes lèvres glacées
Quand l’heure bleue du sommeil figera mes pensées ?

Seras-tu là, mon amour, quand mon cœur au repos
Arrachera, de tes yeux, des colliers de sanglots
Ces larmes inutiles, de verre ou de cristal
Cachant, de ton sourire, la beauté ancestrale ?

Seras-tu là, mon amour ?
Seras-tu là ?

mardi 14 juillet 2009

Ô dacieuse



Sur la mer en furie, je voudrais m’endormir
En pensant à ton corps parfumé de l’instant
Que le vent, histrion, tend à mon souvenir
Tel un baiser subtil de ta bouche d’amant.

Secouée par les flots et les vagues de sel,
J’attendrai, de Neptune, la main gantée d’or
Sous mon nombril ardent, sur le sentier de fiel
Où le plaisir s’étend sur le fil d'un trésor.

Les genoux entrouverts sous la verge des Dieux,
Je laisserai Cupidon me couvrir de bleus
Et m’emmener, vaincue, sur ton cœur de papier.

Tu baiseras mes mains, mes lèvres et mes mots;
Dans une chanson douce, mouillée de sanglots
J’embrasserai tes yeux pour ne plus te quitter.

mercredi 8 juillet 2009

Parti trop vite



Mon âme a revêtu ses habits de chagrin
Ce long manteau bleuté aux sanglots opiacés
Quand le ciel a voulu te garder en son sein
Dans un grand sommeil aux matins inanimés

Dans ce monde de fous, tu vivais en reclus
Au milieu des manèges toujours enchantés
Mais les cris des enfants, aujourd’hui, se sont tus
Et le temps suspendu nous a désenchantés

La mort fine et cruelle en ce doux mois de juin
A capturé ton cœur sans se faire annoncer
Affichant dans nos yeux une peine sans fin
Et nos sourires d’hier, de noir, vont se teinter

C’est la fin du parcours qui vient briser le rêve
Le rideau en tombant fait un bruit tapageur
Je sais que ton absence sera plus qu’une trêve
Pour moi TU n’es pas mort, TU es parti ailleurs
Merci Michael pour tout ce que tu as apporté à la musique et à la danse

vendredi 3 juillet 2009

Ludivine


Tu as les yeux de la sagesse
Et moi, les rêves d’un vieux fou
Le buste élancé des princesses
Et moi, la ruse d’un vieux loup
Qui va errant dans le sillage
Que laisse ton corps en otage

Tu as la grâce des marquises
Et moi, les rides du passé
Des seins comme deux friandises
Que je m’amuse à deviner
Jusqu’à pouvoir les décalquer
Sur un grand rideau de papier

Ludivine, ma divine,
Je voudrais déjouer le temps
Le conjuguer à tes 20 ans
Faisant de ton joli corsage
Le plus beau de tous mes outrages

Tu as des joyaux de jeunesse
Et moi, une toison d’argent
L’insolence d’une Comtesse
Qui me dévore lentement
Comme un lion dans les broussailles
Mange le fruit de ses ripailles

Tu as les bijoux d’une reine
Et moi, une crinière d’acier
La transparence d’une veine
Où mon sang voudrait s’écouler
Pour ne plus jamais s’arrêter
Même devant l’éternité

Ludivine, ma divine,
Je voudrais déjouer le temps
Le conjuguer à tes 20 ans
Faisant de ton joli corsage
Le plus beau de tous mes outrages
...De LUI à ELLE, trop jeune, trop belle, trop pure...

lundi 29 juin 2009

Le sous-marin de cristal

Le temps se tend sur l’eau pâle
Et change le cours de la vie
Je fais un vœu sur l’opale
Une seconde tue l’envie

Au bras du vent qui m’invite
A parcourir tous les sentiers
D’un cœur qui battait trop vite
Je me laisse apprivoiser

Dans mon sous-marin de cristal
Je ratisse le fond des mers
Croisant des gens, souvent banals
Au regard glacé de l’hiver

Je revois mille visages
Chacun masqué d’éternité
Quand l’un d’eux me dévisage
D’amour, je sais bien me parer

D’une légende trop dorée
Je suis le féminin pluriel
Une héroïne liquéfiée
Qui dilapide votre fiel

Dans les eaux vertes d’Irlande
Je me nourris d’émeraudes
Et d’échos en sarabande
Que je trouvais en maraude

La pluie tombe sur les tambours
Je vous laisse à vos mièvreries
Je suis, ce soir, en désamour
Bonjour l’oubli, adieu folies

samedi 20 juin 2009

Tombe la lune


La lune, tombée du ciel
Dans un éclat de cristal
Vient bousculer l’arc-en-ciel
En sa beauté ancestrale

La mer, éclaboussée d’or
Fait au vent déboussolé
Un lit où tu peux encore
Poser tes baisers salés

Mon corps, couvert de corail
Qui se cambre sous ta peau
Toujours, te sert de bercail
Quand le temps plie son manteau

Ton sable reste collé
Entre nos ventres gourmands
Sous tes iris pailletés
En ruban sur mes seins blancs

Un croissant flotte sur l’eau
Refoulant chaque marée
Il devient notre radeau
Pour nos rêves d’hyménée

Quand, sur le toit de la sphère
Le soleil nous reviendra
En voyant l’astre sur terre
Il convoquera Chandra

Devant notre grand amour
Qui défie les dictons
Il déposera le jour
Sur l’océan des passions

Et tout en haut de la dune
Il scellera notre union
En comprenant que la lune
Est tombée en pâmoison

jeudi 11 juin 2009

Cheyenne Automne


Un aigle blanc
Au col d’argent
M’a repérée

Ce faux Sultan
C’est indécent
Brandit l’épée

Il veut me voir
Puis m’émouvoir
M’apprivoiser

De l’entonnoir
Du désespoir
Me désaxer

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je vais tomber

J’attends le soir
Pour l’entrevoir
Hors du miroir

Dans le couloir
De ses yeux noirs
J’attends l’espoir

De mon passé
Il veut ôter
L’ô ouaté

Et sur mes seins
Tatoue l’essaim
De sa beauté

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je vais sauter

Sa langue bleue
Sème le feu
Sur mes lèvres

Je joue le jeu
En camaïeu
Sous sa fièvre

Mon coup de cil
Le rend fébrile
Incandescent

Sous mon nombril
Se tend le fil
Coule le sang

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je vais l’aimer

Femme le jour
A contre-jour
Pour lui, je vis

Louve la nuit
Contre l’ennui
En moi, il gît

Battement d’aile
A tire d’Elle
Me désattelle

Je suis vaincue
Me voilà nue
Dans l’éternel

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je veux voler

mardi 9 juin 2009

Passe l'hiver



Qu’attends-tu donc de moi ?
Veux-tu m’anéantir ?
Pour la centième fois
Je songe à tes désirs

N’aurais-je reçu de toi
Que le goût du plaisir?
Je sens ce manque de toi
Amour, qui me déchire

Tous les hivers qui passent
Toutes ces nuits sans tes mains
Mes pensées dans la glace
Se gèlent sans lendemain

Qu’obtiendras-tu de moi ?
Dois-je t’appartenir ?
Ta passion dort en moi
Ne cesse de grandir

Ne retiendrais-je de toi
Qu’un ultime souvenir?
Mon corps gémit sans toi
Amour, sans te mentir

Et toutes ces nuits me lassent
A te chercher en vain
Nul autre n’aura sa place
Tout au creux de mes reins

Que diras-tu de moi
A celles qui te croiseront
A celles qui goûteront
A tes curieux émois?

Je garderai de toi
La neige et son manteau
Une âme en oripeaux
Et tes pupilles sur moi

De ces journées glacées
De ces matins cendrés
J’emporte la gelée
Te laissant le brasier

Qu’adviendra-t-il de moi
De ce cœur essoufflé
De ce corps enchanté
Dans son grand lit de soie?

Je rêvais d’un soleil
Pour tous notre grand amour
Habiller de vermeil
Nos promesses de toujours

De chaque drap froissé
Je garde les pliures
De tout ce temps passé
Je t’offre les murmures

De nos hivers fanés
De nos nuits embrumées
De ces jours enneigés
De ces draps chiffonnés

Je garderai la trace
Que tu leurs a laissé
Du bout de mon impasse
Je t’envoie mes baisers
Texte de chanson (duo Nostalgia)

jeudi 4 juin 2009

La petite fille aux yeux clairs


La petite fille aux yeux clairs
S’est éveillée dans le matin
Au bord des yeux, une rivière
Coulait jusqu’au creux de ses mains

Elle aurait voulu de sa mère
Un geste tendre ou un regard
Pouvoir encore tout comme hier
Rejouer à Colin-maillard

Elle se rappelle des jours heureux
Où, sous le soleil en été
Quand, sur ses genoux vigoureux
Elle contemplait l’éternité

Dans ses petits chaussons de soie
Elle se dirige vers la chambre
Et se souvient du matin froid
Qui s’empara de sa peau d’ambre

Debout devant la porte close
Si elle abaisse ses paupières
Elle la voit dans sa robe rose
Ou dans un long manteau d’hiver

Ses souvenirs en pagailles
L’aident à grandir dans l’absence
Pourquoi fallait-il qu’elle s’en aille
Tirer si tôt sa révérence ?

Le soir venu de l’au-delà
Quand la nuit gît sur les collines
Elle priera Marie Divine
Puis, le sommeil la gagnera

Demain sera un nouveau jour
Avec d’autres vides à combler
Mais la fontaine de leur amour
Toujours saura la consoler

mardi 2 juin 2009

La mélopée d'Ambrosia


On la voit danser dès l’aurore
Entre les ronces et les genêts
Quand les lys humides encore
S’offrent à ses doigts par bouquets

Légère comme une vaguelette
Elle ondule sous les sapins
Le chant léger des alouettes
Fait une aubade à son destin

Le vent dans sa langue muette
Fait tournoyer sa chevelure
Qu’une pluie parfois aigrelette
Agrémente d’un doux murmure

De tous les hivers en partance
Elle a la grâce et la beauté
Et le brin de son élégance
Fleurit au coeur de sa bonté

Son regard vif, son œil brillant
Plongent au milieu des jalousies
Toutes les princesses d'antan
et les louves d’Abyssinie

Ambrosia vit dans la clairière
Où pousse aux revers des saisons
Sur le bord d’une jarretière
Un amour piqué de chardons

De tout ce qui la désattelle
De la fausse trame du temps
Elle fait des rires en dentelle
Qu’elle coud au pli de son tourment

Du plus élégant carabin
Au fier et beau ménétrier
Chacun vient convoiter sa main
Mais elle ne veut se marier

Elle n’a d’yeux que pour un berger
Qui aime et rit dans le silence
D’un mistral qui sait apaiser
Tous les sévices de l’absence

Sa bouche a le rouge des roses
Ouvertes aux matins de rosée
Qu’il sait embrasser de sa prose
Et de la poésie d’Orphée

Ambrosia ne fut qu’un mirage
Le tout petit bout d’une histoire
Qui se défait comme un nuage
Et puis s'endort dans un grimoire

...à celui qui a écrit pour elle...





samedi 30 mai 2009

Les amants de l'oubli

Aux portes des églises
Les amants endeuillés
Portent sous leurs chemises
Tant d’amour oublié
Qu’un cercueil d’ébène
Va mener au tombeau
Brisant toutes les chaînes
De sanglots en lambeaux

L’amante en son mouchoir
Camoufle en vain la peine
De ne plus s ‘émouvoir
Du doux chant des sirènes
L’amant de ses yeux noirs
Pleure sans faire de bruit
L’âme grise, l’âme noire
Qu’il porte encore en lui

La pluie sur les vitraux
S’abat comme deux cœurs
Qu’un duo de corbeaux
Assassine dans l’heure
Il n’y a plus d’espace
Plus de temps, plus de trace
Du passé d’un présent
Dont tous les deux se lassent

Le glas de leur union
Fait pleurer le clocher
Qui dénie l’abandon
De leur envie d’aimer
Leurs mains entrelacées
Retiennent entre leurs doigts
L’anneau d’or des fées
L’illusion d’autrefois

L’écho d’un carillon
S’entendra jusqu’aux cieux
Quand le temps du pardon
Annoncera l’heure bleue
Le beau son d’une lyre
Dans l’hiver endormi
Guidera l’oiseau-lyre
Au sommet de l’oubli

dimanche 24 mai 2009

Vice et Verseau


De mes rêves humides, sur la lisière du jour
Quand la nuit se retire dans le calice du ciel
Il me reste en vestige de tes gestes d’amour
La cyprine perlée sous la lune de miel

Au coton de mes draps engorgés de sueur
Que mon désir de toi fait pleurer sur ma peau
Quand les instants phalliques s’érigent en vainqueurs
Se mêle ta pluie d’or en guise d’oripeaux

Reine de l’Eridan, en robe de liqueur
Me voici en aval d’un amour indicible
Et la princesse Aril enrobe dans mon cœur
Le bras de ta rivière au courant si paisible

Héroïne liquide du cercle du zodiaque
Au crépuscule d’un songe, je m’éveille, lascive
Abandonnant le vice au milieu d’une flaque
Et me laisse couler vers les eaux de ta rive

mercredi 20 mai 2009

Matou


Au tout premier sursaut de l’ennui
Tu te pavanes sur les gouttières
Pour attirer toutes les souris
Tu quittes la chaude litière

Tête haute et queue bien dressée
Tu miaules pour mieux minauder
Par ton cri, les souris intriguées
Viennent à toi, le poil hérissé

Pour assouvir ton jeu de matou
Tu captureras la plus frêle
Qui, pour toi, gobera des cailloux
Avant de finir sous la grêle

Installée en mon nid secret
Moi, ta complice, je regarde
Défiler le destin d’un jouet
Prêt à s’incliner sous ta garde

Tu la prends et puis la secoues
Pauvre bête un peu trop stupide
Elle ignore qu’avec elle, tu joues
Tu sais bien qu’elle est trop candide

Fatigué de cette mignonne
Tu l’ignores, puis la rejettes
Revenant vers moi qui ronronne
Sur la paille tendre et douillette

Cou baissé, ventre détrempé
Tu la laisses un peu livide
Par mégarde, elle a dû succomber
A ton caprice si perfide

A trop jouer de tes entrechats
Te pensant toujours invincible
Un jour, tu seras fait comme un rat
D’un jeu, tu deviendras la cible

Toi, le beau matou aux yeux de lynx
Quand ta vie ne sera que débris
A te voir momifié comme un sphinx
Tu sauras que, là- haut, je « souris »

dimanche 17 mai 2009

Révérence


Quand j’entre dans le rêve au gré de ton errance
Sur la dune des mots, tu m’invites à la danse
Nos pas entrelacés sur l’échine des vagues
Font chavirer mon âme, nue sous sa robe d’algues

De rêves en dérives, je navigue en amante
Cherchant à m’échouer sur ta bouche béante
Le sel de ta langue portera bien plus haut
Le bateau de mes songes flottant sur les coraux

D’un long baiser frivole sur nos lèvres arides
A l’ombre des paupières des Dieux de l’Atlantide
La marée se retire dans un profond silence
La mer, alors, se tait et tire sa révérence


Ce poème fait écho au texte d'Emrys "RÊVE-ERRANCE":http://emrys-m.blogspot.com/2009/05/reve-errance.html

jeudi 14 mai 2009

Coup de foudre (vers libres)

Le soleil prend le voile
Au jour qui s’assombrit
Un nuage en sanglots
S’abandonne au chagrin

La pluie tombe en cerceaux
Sur la pelisse de l’eau
Eclaboussant ma peau
Câlinée par les joncs

Humide et indécent
Le vent, devenu fou
Fait frissonner mes seins
Que, souvent, je dénude

Un éclair incisif
Dans son cri de tonnerre
Déchire d’un seul trait
Le drap mouillé du ciel

Je cours me réfugier
Sous le saule qui pleure
Redoutant de la foudre
Sa flèche calcinée

De mon repère feuillu
Je vois la libellule
S’adonnant à la luge
Sur la feuille d’un roseau

L’oiseau de paradis
Etale ses couleurs
Qu’un peintre aux yeux lagon
Vient coucher sur sa toile

Si je ferme les yeux
Pour tutoyer le songe
J’y devine nos corps
Appelant Cupidon

Et nous faisons l’amour
Au pied d’un séquoia
Caressant les paupières
De la lune écarlate

Puis, nous partons enfin
le front mouillé de brume
Vers l’étoile filante
Sur le bas d’un nuage

Aux volets de l’orage
Apaisé et fourbu
Le roi soleil revient
Frapper tout doucement

Un doux zeste d’averse
Me prend en son noyau
Enroulant à mon cou
La clématite d’or

Plus bas que mon nombril
Des gouttes de rosée
S’entassent sur le fil
D’un vœu indicible

Je marche vers l’étang
Tu m’attends mon amour
Sous l’arc triomphant
Un lotus vient d’éclore

jeudi 30 avril 2009

Caillou de sang (Lotus et Emrys)

Caillou de sang
Cargo de dieu
Désirs d’amants
Plaisir pour deux

Main dans la main
Nous avançons
Sur le satin
Et les chardons

Dans un hôtel
Je te rejoins
Rouge carmin
Blanche dentelle

Jupon troussé
Pantalon bas
Cœur émoussé
Je viens, tu vas

Contre l’hymen
Et sa rosée
Un cyclamen
Tige dressée

Entre les reins
Coulis de miel
Aux petits grains
Couleur de sel

Cuisses mouillées
Corps détrempés
Une azalée
Sur l’oreiller

Dans ce décor
De voie lactée
Pépite d’or
Et chant de fée

Buisson d’épines
Lit de rivière
Courbe d’échine
Veines prières

Un clocher pleure
Dans le lointain
Dans moins d’une heure
Nous serons loin


"Lotus"


Nous serons loin

Mais nos pensées

Prendront le soin

De caresser


Les souvenirs

Forgés ce soir

Sans avenir

et sans espoir


Tu t'es donnée

Et je t'ai prise

Abandonnée

Mais pas éprise


Et c'est ton corps

Qui a chanté

Le son du cor

Qui me hantait


J'étais le cerf

Et toi la biche

Trop belle et fière

Pas assez riche


Pour devenir

L'or de ma vie

Mon avenir

Hors de mon lit


Ce goût amer

Et imprudent

Je te le sers

Caillou de sang


"Emrys"


Merci à Emrys pour ce qui fut notre premier échange poétique.

lundi 27 avril 2009

Marie, je pleure


Vanité des songes
Félonie du vent
Mensonges
Inexorablement
Blessent la chair et le sang

Marie, je pleure
Vois en mon cœur
Couler des rivières
Des roulis de colère
Verre brisé du passé
Souvenir inanimé

Marie, j’ai peur
De la douleur
Du poids du silence
Le fléau de l’absence
D’un ange démasqué
Sur un tison nacré

Péché de la chair
Calomnie d’amants
Mystères
Inéluctablement
Cassent les sentiments

Marie, je pleure
Vois en mon cœur
Couler des rivières
Des roulis de colère
Verre brisé du passé
Souvenir inanimé

Marie, j’ai peur
De la douleur
Du poids du silence
Le fléau de l’absence
D’un ange démasqué
Sur un tison nacré

Avant de m’en aller
Vers un futur ambré
Je voudrais dérober
Son âme de papier

Avant de pardonner
Ses actes falsifiés
Je veux me dénuder
Et tout démystifier

mercredi 22 avril 2009

Entre deux draps

Tu tends les mains
Et me souris
Je te rejoins
Au bord du lit

Je suis la fleur
Le bouton d’or
Que tu effleures
Quand tu t’endors

Entre deux draps
Je te sens nu
De ci delà
Sur ma vertu

Ta langue bleue
Sur mon soleil
Touche le feu
Et le vermeil

Tu bois ma vie
En gouttes d’eau
Avec envie
En mon joyau

De ma liqueur
Tu es friand
Alors ton cœur
Devient gourmand

Sous mon nombril
Un puy d’amour
Poursuit le fil
De tes discours

Tu vas, tu viens
En mon cerceau
Entre mes reins
Tu voles haut

Je prends tes sens
Et tes désirs
A contresens
Mais sans jouir

Ange déchu
Mon vagabond
Tu ne crains plus
Tous les démons

Et sur le point
De non-retour
Tu n’es plus loin
Mon troubadour

Cheveux au vent
L’étalon fou
Défie le temps
Et les tabous

De Mirabelle
A Mirabeau
La sentinelle
Se gorge d’eau

Sous les récifs
D’un canevas
Ta sève d’if
Gît sur mes bras

Ne dis plus rien
Restons ainsi
Le vent revient
Avec la nuit

Demain sera
Un autre jour
Tu jureras
M’aimer d’amour

lundi 20 avril 2009

Lady Abigael

Abigael
A un amant,
Corps virtuel
En veston blanc
Sourire de miel
Au cœur de sang

Pour mieux l’aimer
Elle dort debout
Sur un clavier
A quatre sous

Au bord d’un lit
Jamais défait
Elle est « Sissi »
En son palais

Sur l’oreiller
Couleur lilas
Gît le collier
D’Esméralda

Abigael
A vingt printemps
Mais tant d’hivers
Au bout du temps
Givrent son air
A contretemps

Il la voit nue
Dans l’au-delà
Son ingénue
Aux yeux taffetas

Son adagio
De ballerine
S’écoule en flots
De crinoline

Un musicien
Joue en sourdine
Sur un clavecin
D’or et d’épines

Abigael
A, des sirènes,
La fleur hindoue
En mer indienne
Qu’un vent secoue
En son akène

Son sari blanc
Noyé d’étoiles
Tire l’amant
Entre ses voiles

Dans le tunnel
Au pont d’argent
Une aquarelle
Pleure en torrent

Ses seins parfaits
Ses dents d’opale
Sont deux attraits
Au chant du mâle

Abigael
A du chagrin
Elle lui sourit
Il ne voit rien
Dans l’infini
Rouge carmin

Il dit l’aimer
Mais il s’en va
Se pavaner
Dans d’autres bras

Dans un arpège
Un concerto
Tombe la neige
Sur un écho

Son corps de sel
En reste las
Abigael
N’existe pas !
Le personnage m'a été inspiré par les créations d'Emrys à lire ici:

jeudi 16 avril 2009

Le poète amoureux


Le poète amoureux
Compose pour sa muse
Un sonnet silencieux
Dont le pinson s’amuse

Il parsème de vers
Le jardin de sa prose
Qui n’a pour seul revers
Que le parfum des roses

Il pose en son quatrain
Son amour mis à nu
En grappe de raisins
Et de fruits défendus

Au bout d’une syllabe
Il accroche un pluriel
Volé en terre arabe
A l’encolure du ciel

Ses cheveux blancs frisés
Taquinent un peu son front
Au souffle d’Alizés
Il rit de son dicton

Le chant d’Orphée le mène
A la belle Angélique
Qui ne vole en ses veines
Cette muse idyllique

Au balcon de ses yeux
Vient mourir une larme
Son amour si précieux
Le pourfend de sa lame

mardi 14 avril 2009

La gitane


Sur le pôle de tes nuits
Se faufile une étoile
Sous les toits de Paris
Elle tisse un peu sa toile

Sur le pont de tes rêves
Se pavane une femme
Un vent chaud la soulève
Au-delà de ton âme

Un nuage en alcôve
Fait de l’ombre à ton ange
Qui sentait la guimauve
Et les zestes d’orange

Sur ses bras ruisselaient
Dans un doux clapotis
Un flot de bracelets
D’or et d’argent sertis

Dans un croissant de lune
Ta belle est endormie
Il pleut sur la lagune
Les sanglots de sa vie

Tu récoltes l’ondée
Au fond d’un coquillage
Et la pâleur ambrée
De son beau maquillage

De ta douce gitane
Il reste l’interdit
La blancheur diaphane
Si belle à l’infini

mercredi 8 avril 2009

Ma voisine

Ma voisine
A des yeux de poupée
Si divine
Un peu comme une fée
Je m’incline
Devant ses deux saphirs

Ma voisine
A cette peau ambrée
Libertine
La démarche assurée
Se dandine
Boulevard de mes désirs

Ma voisine
Fascinerait Rimbaud
Trop câline
Un vrai petit joyaux
Je décline
Bien plus que je respire

Ma voisine
Porte des talons hauts
Son échine
Met mon cœur en lambeaux
Elle s’échine
A vouloir que j’expire

Ma voisine
A ce prénom charmant
Capucine
Petit chaton persan
Si féline
Elle cherche à m’attendrir

Ma voisine
Toujours cheveux aux vents
Si coquine
Nue sous ses vêtements
J’imagine
Le fruit de mon délire

Ma voisine
A des lèvres gourmandes
Purpurines
Dévoreuses d’amandes
J’hallucine
Puis, retiens mon plaisir

Ma voisine
En jupon de dentelle
Bleu marine
Me noie dans la flanelle
Cette ondine
Vole tous mes soupirs

Ma voisine
Mes amis sont fous d’elle
Bleu de Chine
J’en fais une ritournelle
En sourdine
Juste pour un sourire

dimanche 5 avril 2009

Je te hais d'amour (vers libres)



Les vagues se sont tues
La mer s’est endormie
Pour ne pas l’éveiller
La nuit pleure en silence

La lune à l’horizon
Se pose sur l’eau noire
Comme dans l’encrier
Vient se mouiller ma plume

Dans l’écume jaunie
Je vois sombrer tes pas
Mais un luth étoilé
Me conduit jusqu’à toi

Dans un lit d’algues bleues
Je te vois assoupi
Etouffé dès l’aurore
Par les bras du ressac

D’une cariatide
J’ai les cheveux marbrés
Que caresse un soleil
Dans sa course féconde

Mais en statue de sel
Les cristaux sur mes lèvres
Fondent comme un lapsus
Sur le bout de ta langue

Dans la clepsydre d’or
Le cours du temps se noie
Et ne laisse sur moi
Qu’éclat d’éternité

Demain, j’aurai mille ans
Je serai immortelle
Sur mes seins d’opaline
Fleuriront tes baisers

Dans un temple de glace
Accroché aux étoiles
Les yeux pleins de chagrin
Ce soir, je te regarde

Si nos larmes n’ont pas
L’importance qu’on croit
Nous savons toi et moi
Que je te hais d’amour

mardi 31 mars 2009

Erotica



Je fais un rêve singulier

Devant moi, tu viens de passer

Je t’effleure du bout d’un regard

En touchant ton front et ton dard

Pour toi, l’ insecte trop viril

Je vais frissonner jusqu’aux cils

J’imagine le cuir de tes mains

Dévorant l’arc de mes reins

Je veux devenir la femelle

Dont tu déchires la dentelle

Cherchant la rondeur de mes seins

Palais des outrages divins

Ce désir bien trop violent

Devient l’indicible tourment

J’attends tes baisers de sorcier

A l’orée de mon décolleté

dimanche 29 mars 2009

La môme


A tous les coins de rues, aux faubourgs de Paris
Où les badauds pressés croisent les moins nantis
Edith piaffait tel un moineau enchanteur
Sous les yeux des passants surpris par sa candeur

Elle avait, dans la voix, l’accent des roturières
De celles qui rêvaient d’un amant légionnaire
Et fréquentait les bars au bras d’une pocharde
Oubliée d’une mère à la peau si blafarde

Bercée par l’attention de quelques filles de joie
La môme sut qu’aimer serait toujours sa loi
Aux côtés de Leplée, Coquatrix et Cocteau
Elle troqua très vite ses mornes oripeaux

Auprès de son amant, elle vit le septième ciel
Celui qui lui ôta la passion de Marcel
De l’avoir trop aimé, elle se brisa les os
Jusqu’à porter la croix qui lui courba le dos

Alors, dans sa chanson, elle implorait son Dieu
De lui laisser cet homme encore un petit peu
Et dans l’hymne à l’amour, elle donnait tout son être
Espérant qu’un beau jour, il reviendrait peut-être

Avant que la camarde ne la prenne en son sein
Debout, elle vous chantait qu’elle ne regrettait rien
Ni le bien, ni le mal… qu’un jour on lui a fait
Tout ça m’est bien égal… et la salle pleurait
...à Edith...

vendredi 27 mars 2009

L'éphémère


Serez-vous éphémère
Comme neige au soleil
Une ombre passagère
En cet anneau vermeil

Serez-vous le mirage
L’oasis de mes nuits
La main sous mon corsage
Qui m’offre des rubis

Serez-vous éphémère
Tel un croissant de lune
Sur le cercle polaire
Qui comble mes lagunes

Serez-vous si furtif
Que je ne verrai pas
La dent de vos récifs
L’empreinte de vos pas

Serez-vous éphémère
Comme les papillons
Le beau lépidoptère
Sur mes seins chauds et ronds

Serez-vous l’être nu
Tapi entre mes reins
Le bellâtre inconnu
Qui me désire en vain

Serez-vous l’éphémère
Le vol d’un colibri
Dans l’ombre délétère
De mes copeaux de nuit

Si vous êtes si flou
Ne rêvez pas à nous
Pour un autre que vous
J’ai pleuré à genoux



lundi 23 mars 2009

Claire Obscur


Claire a des yeux obscurs
Qui glacent les miroirs
Jusqu’à cette fêlure
Dans le tain et l’ivoire

Elle dort à moitié nue
Sur la mer de Corail
Se couvrant de la nue
En guise de chandail

Dans ses cheveux d’ébène
Toujours si bien tressés
Vient danser la murène
Dès le solstice d’été

Son cœur en contrebas
Palpite dans ses flancs
Pour une raie manta
Démon au ventre blanc

Sur un diamant noir
Vient s’empaler le ciel
Dans sa robe du soir
Ses bijoux sont de sel

Comme un lichen gris
Sur le bord d’un rocher
Elle s’accroche à la nuit
Qu’elle sait apprivoiser

Un peintre se languit
De ses hanches de daim
Aux abords de Paris
Il rêve d’elle en vain

Alors il peint l’obscur
Objet de son désir
Et suspend sur le mur
Ses larmes de saphir

Sous un plancton mouvant
Elle se laisse couler
Les poissons font un banc
A ce corps détrempé

Sur le plancher verni
Il avance pieds nus
Jusqu’à ce trop grand lit
Où elle ne viendra plus

La lune dans un spasme
Les invite à l’amour
Pour un ultime orgasme
Eteint au petit jour




jeudi 19 mars 2009

Rendez-vous


Cher amant,

En cédant à vos envies
Chaque fois que la nuit m’étreint
Vous buvez jusqu’à la lie
La sueur perlée de mes seins

Je sens palpiter vos doigts
Comme des cœurs en éclosion
Que caresse cette soie
Encerclant mes doux mamelons

Très friand de suc ambré
Vous apprivoisez ma bouche
Où vous attend le baiser
Qui nous mène vers la couche

L'âme toujours errante
M'offrant à vous sans concession
J’en deviens frissonnante
Quand vous retroussez mes jupons

A vos yeux d’or et d’argent
S’ouvre la faille du péché
Puis, s’enfonce le sarment
Qui fait pleurer les alizés

Sous votre force tranquille
Je capture les lionceaux
Qui s’abreuvent dans mon île
Où s’éveillent tous les puceaux

Enfin, nos corps en fusion
Chauffent le sang bleu de Satan
Qui d’une génuflexion
Se convertit aux deux amants

Si je crains tant nos époux
Je sais amour que je ne peux
Un jour me passer de vous
Je n’écouterai pas les Dieux

Je devine cette ardeur
Qu’éveillera, en vous, ce pli
Ignorons donc la tiédeur
Et rejoignons nous cette nuit

Au premier chant du hibou
Venez m’attendre à la clairière
Sous la complainte des loups
Faisons l’amour dans la bruyère
Lady A

vendredi 13 mars 2009

Ana T'aime



Elle vit entre les tombes
Tel un oiseau de proie
Et la neige qui tombe
Fait son chemin de soie

Son plus fidèle ami
Est un chat de gouttière
Qui apaise, la nuit
Ses pensées délétères

C’est la morte vivante
Le clou d’un grand mystère
Sensuelle et troublante
Le timon d’une autre ère

Elle est cette allumeuse
Qui enflamme les cierges
La brune ténébreuse
Aux larmes toujours vierges

Ana séduit les hommes
Se pressant aux tombeaux
Dévorant leurs atomes
Jusqu’au dernier noyau

Dans un brouillard épais
Toujours, elle disparaît
Laissant de ses attraits
Le nœud d’un lien défait

Elle parle avec son ombre
Clouée aux souvenirs
Au milieu des décombres
De funestes plaisirs

Son pas, dans la poudreuse
Offre un si doux blasphème
A la lune rieuse
Posant son diadème

Tu restes bouche bée
De la voir au lointain
Tout au bout d’une allée
Une rose à la main

Cette fleur éphémère
Que tu offris sans vice
A la sainte héritière
De tes regards complices

Ana est bien plus belle
Que les filles d’autrefois
Un tesson de dentelle
Sur un chemin de croix

Elle est tout l’anathème
D’une vie parallèle
N’oublie pas qu’Ana T’aime
A se brûler les ailes

mercredi 11 mars 2009

L'almanach amoureux


Je n’oublierai jamais
Ce joli mois de Mai
Qui m’annonça que Juin
Changerait mon destin
Quand tout début Juillet
L’amour sur un oeillet
Fit son écho en Août
Dans nos attraits si doux

Automne de Septembre
Tu m’as dit sans attendre
Qu’au cœur tendre d’Octobre
La lune devient sobre
Et taquine en Novembre
La joie de nous entendre

Le manteau de Décembre
Plus blanc qu’un soleil d’ambre
Couvrira de laurier
Ton aimée de Janvier

Quand viendra Février
Notre bonheur d’aimer
Recouvrira de strass
Le printemps de fin Mars
Qui nous tendra le fil
D’un très long mois d’Avril
Nous déposant en Mai
Amoureux à jamais

mardi 3 mars 2009

Souvenirs d'hier


Je me souviens d’Hyères
Sous le soleil d’été
De mes pensées légères
Quand je t’ai rencontré

Je me souviens de toi
Assis sur le sofa
De tes yeux gris sur moi
Par dessous mon aura

Je me souviens de tout
De ce premier baiser
Ta main sur mes genoux
Prête à me convoiter

Je me souviens d’Hyères
Et sa plage déserte
Tes lèvres incendiaires
Quand je me suis offerte

Je me souviens aussi
De ce petit café
Où, tout bas, tu m’as dit
« On doit se marier »

Je me souviens si bien
De tes longs rideaux bleus
Qui volaient sur mes seins
Au gré d’un vent soyeux

Je me souviens d’Hyères
Je n’ai rien oublié
Comme si c’était hier
Rien ne m’a échappé

Je me souviens de nous
Enlacés dans la nuit
Ton appétit de loups
Au tréfonds de mon puits

Je me souviens du goût
Suave de ta langue
L’amour un peu partout
Qui nous laissait exsangues

Je me souviens d’Hyères
Où je t’ai fait le vœu
De garder le mystère
A l’abri des curieux

Je me souviens hélas
De l’heure de nos adieux
Et cet état de grâce
Aux rives de tes yeux

Je me souviens, tu sais
Tout est dans ma mémoire
Et, dans ce monde épais
Je veux te recevoir

mardi 24 février 2009

Le voleur de nuits


Lorsque ton nom frappe à ma porte
Otant son manteau de chagrin
Tu me chavires et me transportes
Une heure ou deux toutes les nuits
Sur un nuage de jasmin

Evanouie dans ton sillage
Mon désir ne tient qu’à un fil
Rêver de toi sous mon corsage
Y a-t-il un Dieu qui l’interdit
Sur cet écran, là, sous mes cils ?

Les mots que je reçois de toi
Ont un parfum de séduction
Tu brises en mille éclats de soie
Un cœur, de toi, tout juste épris
Sans altérer mes illusions

Et ce cœur noyé de torpeur
M’échauffe les veines et le sang
Reviens sans jamais avoir peur
Y semer prose et confetti
Sur un coulis rouge safran

L’écran blanc du silence fond
Oppressé par nos souffles chauds
Tu sais l’Andalousie au fond
Unit deux êtres incompris
Sous l’œil ébahi des badauds

Etre la reine de tes nuits
Même Carmen en rêverait
Résister à nos interdits
Y compris leurs mille rubis
Seul, un iceberg, le pourrait

La vie nous offre ces instants
Où tout semble nous échapper
Tu sais qu’en tout amour naissant
Une rivière trouve son lit
Sans jamais être démasqué

dimanche 22 février 2009

Extase


Le soleil entre dans la chambre
Comme un voyeur en toque jaune
Sous les draps, tout mon corps se cambre
Je suis la nymphe et, toi, le faune

De ces heures chaudes et abyssales
D’une nuit qui nous abandonne
J’ai les pépites lacrymales
Sur mon col et sous ma couronne

Tu dors paisible sur l’oreiller
Où se déploient des papillons
Pardon de vouloir t’éveiller
Mon désir se pique au chardon

Je pose mon ventre sur le tien
Comme une chatte sur sa proie
Le croc du lionceau me tient
Dans l’entrecuisse de la joie

Je suce au salut de ton âme
L’absinthe évaporée des Dieux
Je fends au tison de ta lame
La faille sanguine des jours heureux

Tu finis par ouvrir les yeux
Sur mes deux pupilles dilatées
Où, dans une clairière en feu,
Poussent le thym, la giroflée

Je t’implore de m’aimer encore
Fais-moi éclabousser les cieux
De mes orgasmes, pluvine l’or
Sur ta résine d’épineux

Dans un déhanché de salsa
Je te saisis par les poignets
Des collines du Kamasutra
Tu graviras tous les sommets

La soie transpire sous tes hanches
Tu es captif entre mes reins
Voici l’indicible avalanche
Laisse-moi jouir, je te rejoins

mercredi 18 février 2009

La jupe fendue




Ce ne sont mes cheveux bouclés
Toujours parfumés de henné
Mes petits seins trop bien moulés
Dans un pull blanc de chez Gaultier
Mes sourires sans contrefaçon
Qui te font perdre la raison
Mais ma petite jupe fendue
Qui te transporte jusqu'aux nues

Quand je m'assieds tout près de toi
Tu peux voir le haut de mes bas
Dentelle ivoire brodée de soie
Qui t'étourdit de haut en bas

Ce n'est pas mon regard de braise
Ma bouche éclaboussée de fraise
Mon babillage de coquine
Aux doux accents de libertine
Ma petite fossette au menton
Qui te font perdre la raison
Mais ma petite jupe fendue
Qui te transporte jusqu'aux nues

Quand je m'incline devant toi
Tu perçois le haut de mes cuisses
L'écrin secret de tes émois
Cachant à peine mes coulisses

Ce ne sont pas mes longs murmures
Submergés de désirs obscurs
Les baisers que je te refuse
Ennemis jurés de tes écluses
Ton désir qui hausse le ton
Qui te font perdre la raison
Mais ma petite jupe fendue
Qui te transporte jusqu'aux nues

Quand tu penses à ce que je cache
Tu devines un jeu féminin
De toi, je sens que se détachent
Tous les atomes masculins

Tu voudrais y glisser la main
Bravant toutes nos retenues
Et te délecter d'un festin
Sous ma petite jupe fendue
Te perdre où les pensées ne vont
Où, jamais, ne sévit le gel
Où les cigognes font un don
Quand l'amour se fait en duel

Ce ne sont pas ces rêves fous
Le besoin de toucher mon corps
L'or scintillant sur mes genoux
Quand le soleil tombe et s'endort
Ton flux soumis à l'obsession
Qui te font perdre la raison
Mais ma petite jupe fendue
Qui te transporte jusqu'aux nues

Tu sais pourtant qu'un jour viendra
Moi, j'oublierai de te dire non
La jupe, tu me l'enlèveras
Et j'en perdrai toute ma raison

jeudi 12 février 2009

Nectar et ambroisie




Elle enfile une robe blanche
Qui tombe si bien sur ses hanches
Puis attend devant son écran
Un carrosse et deux chevaux blancs

Cupidon, son gentil laquais
En habits de cendre et de lait
L’emmène au pays fantastique
Où tout se rêve en italique

Devant la porte du royaume
La clé de sol au creux des paumes
Elle baisse les rideaux de sel
D’où s’échappent deux hirondelles

Son chevalier déjà conquis
Vers elle, s’avance tout étourdi
Pour l’enlacer secrètement
Lui faire l’amour contre un serment

Entre ses lèvres, glisse sa langue
Qu’elle prend comme un quartier de mangue
Puis, ses mains tombent sur ses flancs
Il devient l’amant ruisselant

D’un doigt au bas de son échine
De la rose, il offre l’épine
Aux chairs vives et mouillées
De sa bergère apprivoisée

Dans une valse qui va et vient
Il se perd dans une cadence
Elle s’abandonne et le retient
Et soudain, se tait le silence

Dans ses deux souliers de feuillage
Elle termine alors son voyage
Traversant les couloirs du temps
Qui la redéposent au présent

A demi nue et l’âme bleue
Les yeux encore brouillés de miel
Entre ses cuisses, soudain il pleut
Ces quelques mots venus du ciel

Sur cette robe diaphane
Vient mourir un zeste de sang
Dans la pénombre, une ondée plane
Le souvenir de ses vingt ans

Ce temps où ils se sont croisés
En inconnus bien trop pressés
Entre deux trains, deux alizés
Mais leurs yeux n’ont pas oublié

mardi 10 février 2009

Calliope




Confidences de Calliope à monsieur de Nerval…

Dans le jardin du Luxembourg,
Je regarde tous les passants
J’entends murmures et discours
Des badauds ivres et des amants.

Au détour d’une allée boisée,
Je le vois chaque après midi
Escorté par un chant de fée
Sans doute, vient-il chercher l’oubli.

Peut-être, a-t-il un rendez vous
Avec une belle endormie
Celle qu’il couvrit de ses bijoux
Envolée dans une autre vie.

Il vient s’arrêter devant moi
Interpellé par ma beauté
Il m’a vue des milliers de fois
Mais il n’est jamais rassasié.

Divine muse couronnée d’or
Toujours à contempler le ciel
Mon éloquence est mon trésor
Je voudrais toucher l’hirondelle.

Je me prends à imaginer
Qu’un jour nous pourrons nous aimer
Quand, dans la pierre ou le rocher,
Un sculpteur saura le figer.

Il est celui que je voudrais
Pour oublier ma solitude
La profondeur de nos attraits
Nous mène à la béatitude.

Monsieur de Nerval, dites-moi
Que, dans la sève et sur l’écorce,
Vous ferez une ode à la soie
De notre ultime nuit de noce !
...
Texte en écho au poème "Luxembourg" d'Emrys(poète et ami de Lotus)

vendredi 6 février 2009

L'instant




L’instant sur la fleur de ta peau
Parfume la nacre d’une chambre
Une seconde au fil de l’eau
Fige, en ma bouche, la goutte d’ambre

Sur le sofa, tu dors si bien
Une lueur au bas du ventre
Au loin, une bougie s’éteint
Tout bas, je désire ton antre

En quelques battements de cils,
Vers le pont de ta voie lactée
J’avance lascive et docile
Comme une louve apprivoisée

Avec la douceur du chaton,
Je lèche tes joues, ton menton
Tes secrets de petit garçon
Deviennent proie de mon faucon

Puis, je fais de toi ma monture
Mon étalon, crinière au vent
Et le coulis de tes murmures
Embaume ma croupe et mon front

Quand tu découvres enfin mon corps,
Enroulé comme un liseron
Tu sens bien que ma source d’or
Couvre l’hymen dans son sillon

Tu cognes aux voûtes bleues du ciel
Un point s’érige en mon essaim
Touché par ta rose de sel
Aphrodite en perd son latin

Du lait trop sucré des narcisses
Tu rassasies ta déesse
Le cri sorti de mes coulisses
Te tient dans un fourreau de liesse

Sur cet humide paravent
Je suis en état d’hyménée
L’anneau d’or vole aux quatre vents
Je suis pour toujours ton aimée

jeudi 5 février 2009

Le vent de l'aube


Comme on voit le soleil, au beau lever du jour
En son premier éclat, en son premier sourire,
Rendre grâce à la nuit de n’être qu’un saphir
Quand la rosée revêt la fleur d’un discours

L’oiseau, dans son sillage, s’envole vers Cabourg
Taquinant les abeilles sous leur masque de cire
Mais, pris dans les orages qui volent son soupir,
Fatigué, il se donne aux affres de l’amour.

Ainsi, en son voyage, escorté par le vent,
Il cède aux grands ravages de ce curieux tourment
Et s’endort sur la rive sans craindre les vautours.

Dors bien, mon bel oiseau, je sais que tu respires
L’été revient bientôt avec son doux Zéphyr
Pour t’emporter, là-haut, au somment de sa tour.

mercredi 4 février 2009

Deux




Aube nacrée
Douce lueur
Lune perlée
Babil du coeur

Corps étendu
A l’abandon
Un inconnu
Baise mon front

Torse velu
Regard sauvage
Je le vois nu
Dans mon sillage

Tiède sueur
Au bout des seins
Petit bonheur
Au creux des reins

Sur ma colline
Tombe l’hiver
Blanche cyprine
Glace la chair

Bouton de fleur
A peine éclos
Sous ta candeur
Retient les flots

Ma langue rose
Sur ton menton
Ferme ta prose
D’un mousqueton

Tu ne dis mot
Et je consens
L’orage en trop
Je le ressens

Dans mon palais
Glisse une épée
Brisure de lait
Première ondée

Col entrouvert
Sous ton bijou
Subit l’éther
De tes remous

Torrent de lys
Sous mon nombril
Fend le calice
En son pistil

Tu vas, tu viens
Dans cette impasse
Et puis soudain
Un ange passe

Tu me foudroies
Dans un éclair
L’hymen est roi
Sous ta poussière

Orgasme fou
Ultime étreinte
A pas de loup
Je bois l’absinthe

lundi 2 février 2009

French lover (song for Jack)


Accoudée à la terrasse d’un café

Mirabelle pense à cette douce journée

Où, sur elle, une pluie d’amour est tombée

En croisant le regard de cet étranger


Il était arrivé dans sa limousine

Celle qui épate les filles qu’on baratine

Une petite idée d’amour dans le cœur

Un secret bien trop lourd pour ce french crooner


Dans sa robe échancrée cousue de fil blanc

Elle ressemblait à ces princesses d’antan

Ses cheveux bruns noués par de longs rubans

Sublimaient la grâce d’un corps ruisselant


Il ne fallut qu’une poignée de secondes

Juste un éclair pour que le désir abonde

Dans ses yeux, elle voyait couler l’élixir

Comment rester poupée de glace ou de cire


Sous quelques boucles sur ce cou dénudé

Posant sa bouche dans son intimité

Les contours de sa langue vinrent s’enivrer

Aux deux parfums d’agrumes et fleurs de poirier


Puis il jouèrent au jeu divin de l’amour

En évitant le piège rose des toujours

Orgasmes doux, orgasmes fous dans la prose

C’est l’âme sœur qu’on devine qui se pose


Quand il dû repartir vers son au-delà

Il la serra très fort au creux de ses bras

Lui dit : " ma belle, il n ‘y a plus de saison,

L’hiver, de nous, cette fois a eu raison"


Mais l’amour platonique a tous les pouvoirs

Mêm’ celui d’anéantir le désespoir

Nos sentiments garderont leurs beaux chaussons

Et notre lien se chauffera aux tisons


Dans l’encrier bleu des rires et du chagrin

Elle mouille son pinceau coiffé de satin

Puis écrit sur le grand voile de l’absence

"Jack, je vous aime, à vous, toujours je pense

Et tout le reste m’est bien égal, m’est bien égal…"