mardi 31 mars 2009

Erotica



Je fais un rêve singulier

Devant moi, tu viens de passer

Je t’effleure du bout d’un regard

En touchant ton front et ton dard

Pour toi, l’ insecte trop viril

Je vais frissonner jusqu’aux cils

J’imagine le cuir de tes mains

Dévorant l’arc de mes reins

Je veux devenir la femelle

Dont tu déchires la dentelle

Cherchant la rondeur de mes seins

Palais des outrages divins

Ce désir bien trop violent

Devient l’indicible tourment

J’attends tes baisers de sorcier

A l’orée de mon décolleté

dimanche 29 mars 2009

La môme


A tous les coins de rues, aux faubourgs de Paris
Où les badauds pressés croisent les moins nantis
Edith piaffait tel un moineau enchanteur
Sous les yeux des passants surpris par sa candeur

Elle avait, dans la voix, l’accent des roturières
De celles qui rêvaient d’un amant légionnaire
Et fréquentait les bars au bras d’une pocharde
Oubliée d’une mère à la peau si blafarde

Bercée par l’attention de quelques filles de joie
La môme sut qu’aimer serait toujours sa loi
Aux côtés de Leplée, Coquatrix et Cocteau
Elle troqua très vite ses mornes oripeaux

Auprès de son amant, elle vit le septième ciel
Celui qui lui ôta la passion de Marcel
De l’avoir trop aimé, elle se brisa les os
Jusqu’à porter la croix qui lui courba le dos

Alors, dans sa chanson, elle implorait son Dieu
De lui laisser cet homme encore un petit peu
Et dans l’hymne à l’amour, elle donnait tout son être
Espérant qu’un beau jour, il reviendrait peut-être

Avant que la camarde ne la prenne en son sein
Debout, elle vous chantait qu’elle ne regrettait rien
Ni le bien, ni le mal… qu’un jour on lui a fait
Tout ça m’est bien égal… et la salle pleurait
...à Edith...

vendredi 27 mars 2009

L'éphémère


Serez-vous éphémère
Comme neige au soleil
Une ombre passagère
En cet anneau vermeil

Serez-vous le mirage
L’oasis de mes nuits
La main sous mon corsage
Qui m’offre des rubis

Serez-vous éphémère
Tel un croissant de lune
Sur le cercle polaire
Qui comble mes lagunes

Serez-vous si furtif
Que je ne verrai pas
La dent de vos récifs
L’empreinte de vos pas

Serez-vous éphémère
Comme les papillons
Le beau lépidoptère
Sur mes seins chauds et ronds

Serez-vous l’être nu
Tapi entre mes reins
Le bellâtre inconnu
Qui me désire en vain

Serez-vous l’éphémère
Le vol d’un colibri
Dans l’ombre délétère
De mes copeaux de nuit

Si vous êtes si flou
Ne rêvez pas à nous
Pour un autre que vous
J’ai pleuré à genoux



lundi 23 mars 2009

Claire Obscur


Claire a des yeux obscurs
Qui glacent les miroirs
Jusqu’à cette fêlure
Dans le tain et l’ivoire

Elle dort à moitié nue
Sur la mer de Corail
Se couvrant de la nue
En guise de chandail

Dans ses cheveux d’ébène
Toujours si bien tressés
Vient danser la murène
Dès le solstice d’été

Son cœur en contrebas
Palpite dans ses flancs
Pour une raie manta
Démon au ventre blanc

Sur un diamant noir
Vient s’empaler le ciel
Dans sa robe du soir
Ses bijoux sont de sel

Comme un lichen gris
Sur le bord d’un rocher
Elle s’accroche à la nuit
Qu’elle sait apprivoiser

Un peintre se languit
De ses hanches de daim
Aux abords de Paris
Il rêve d’elle en vain

Alors il peint l’obscur
Objet de son désir
Et suspend sur le mur
Ses larmes de saphir

Sous un plancton mouvant
Elle se laisse couler
Les poissons font un banc
A ce corps détrempé

Sur le plancher verni
Il avance pieds nus
Jusqu’à ce trop grand lit
Où elle ne viendra plus

La lune dans un spasme
Les invite à l’amour
Pour un ultime orgasme
Eteint au petit jour




jeudi 19 mars 2009

Rendez-vous


Cher amant,

En cédant à vos envies
Chaque fois que la nuit m’étreint
Vous buvez jusqu’à la lie
La sueur perlée de mes seins

Je sens palpiter vos doigts
Comme des cœurs en éclosion
Que caresse cette soie
Encerclant mes doux mamelons

Très friand de suc ambré
Vous apprivoisez ma bouche
Où vous attend le baiser
Qui nous mène vers la couche

L'âme toujours errante
M'offrant à vous sans concession
J’en deviens frissonnante
Quand vous retroussez mes jupons

A vos yeux d’or et d’argent
S’ouvre la faille du péché
Puis, s’enfonce le sarment
Qui fait pleurer les alizés

Sous votre force tranquille
Je capture les lionceaux
Qui s’abreuvent dans mon île
Où s’éveillent tous les puceaux

Enfin, nos corps en fusion
Chauffent le sang bleu de Satan
Qui d’une génuflexion
Se convertit aux deux amants

Si je crains tant nos époux
Je sais amour que je ne peux
Un jour me passer de vous
Je n’écouterai pas les Dieux

Je devine cette ardeur
Qu’éveillera, en vous, ce pli
Ignorons donc la tiédeur
Et rejoignons nous cette nuit

Au premier chant du hibou
Venez m’attendre à la clairière
Sous la complainte des loups
Faisons l’amour dans la bruyère
Lady A

vendredi 13 mars 2009

Ana T'aime



Elle vit entre les tombes
Tel un oiseau de proie
Et la neige qui tombe
Fait son chemin de soie

Son plus fidèle ami
Est un chat de gouttière
Qui apaise, la nuit
Ses pensées délétères

C’est la morte vivante
Le clou d’un grand mystère
Sensuelle et troublante
Le timon d’une autre ère

Elle est cette allumeuse
Qui enflamme les cierges
La brune ténébreuse
Aux larmes toujours vierges

Ana séduit les hommes
Se pressant aux tombeaux
Dévorant leurs atomes
Jusqu’au dernier noyau

Dans un brouillard épais
Toujours, elle disparaît
Laissant de ses attraits
Le nœud d’un lien défait

Elle parle avec son ombre
Clouée aux souvenirs
Au milieu des décombres
De funestes plaisirs

Son pas, dans la poudreuse
Offre un si doux blasphème
A la lune rieuse
Posant son diadème

Tu restes bouche bée
De la voir au lointain
Tout au bout d’une allée
Une rose à la main

Cette fleur éphémère
Que tu offris sans vice
A la sainte héritière
De tes regards complices

Ana est bien plus belle
Que les filles d’autrefois
Un tesson de dentelle
Sur un chemin de croix

Elle est tout l’anathème
D’une vie parallèle
N’oublie pas qu’Ana T’aime
A se brûler les ailes

mercredi 11 mars 2009

L'almanach amoureux


Je n’oublierai jamais
Ce joli mois de Mai
Qui m’annonça que Juin
Changerait mon destin
Quand tout début Juillet
L’amour sur un oeillet
Fit son écho en Août
Dans nos attraits si doux

Automne de Septembre
Tu m’as dit sans attendre
Qu’au cœur tendre d’Octobre
La lune devient sobre
Et taquine en Novembre
La joie de nous entendre

Le manteau de Décembre
Plus blanc qu’un soleil d’ambre
Couvrira de laurier
Ton aimée de Janvier

Quand viendra Février
Notre bonheur d’aimer
Recouvrira de strass
Le printemps de fin Mars
Qui nous tendra le fil
D’un très long mois d’Avril
Nous déposant en Mai
Amoureux à jamais

mardi 3 mars 2009

Souvenirs d'hier


Je me souviens d’Hyères
Sous le soleil d’été
De mes pensées légères
Quand je t’ai rencontré

Je me souviens de toi
Assis sur le sofa
De tes yeux gris sur moi
Par dessous mon aura

Je me souviens de tout
De ce premier baiser
Ta main sur mes genoux
Prête à me convoiter

Je me souviens d’Hyères
Et sa plage déserte
Tes lèvres incendiaires
Quand je me suis offerte

Je me souviens aussi
De ce petit café
Où, tout bas, tu m’as dit
« On doit se marier »

Je me souviens si bien
De tes longs rideaux bleus
Qui volaient sur mes seins
Au gré d’un vent soyeux

Je me souviens d’Hyères
Je n’ai rien oublié
Comme si c’était hier
Rien ne m’a échappé

Je me souviens de nous
Enlacés dans la nuit
Ton appétit de loups
Au tréfonds de mon puits

Je me souviens du goût
Suave de ta langue
L’amour un peu partout
Qui nous laissait exsangues

Je me souviens d’Hyères
Où je t’ai fait le vœu
De garder le mystère
A l’abri des curieux

Je me souviens hélas
De l’heure de nos adieux
Et cet état de grâce
Aux rives de tes yeux

Je me souviens, tu sais
Tout est dans ma mémoire
Et, dans ce monde épais
Je veux te recevoir