lundi 29 juin 2009

Le sous-marin de cristal

Le temps se tend sur l’eau pâle
Et change le cours de la vie
Je fais un vœu sur l’opale
Une seconde tue l’envie

Au bras du vent qui m’invite
A parcourir tous les sentiers
D’un cœur qui battait trop vite
Je me laisse apprivoiser

Dans mon sous-marin de cristal
Je ratisse le fond des mers
Croisant des gens, souvent banals
Au regard glacé de l’hiver

Je revois mille visages
Chacun masqué d’éternité
Quand l’un d’eux me dévisage
D’amour, je sais bien me parer

D’une légende trop dorée
Je suis le féminin pluriel
Une héroïne liquéfiée
Qui dilapide votre fiel

Dans les eaux vertes d’Irlande
Je me nourris d’émeraudes
Et d’échos en sarabande
Que je trouvais en maraude

La pluie tombe sur les tambours
Je vous laisse à vos mièvreries
Je suis, ce soir, en désamour
Bonjour l’oubli, adieu folies

samedi 20 juin 2009

Tombe la lune


La lune, tombée du ciel
Dans un éclat de cristal
Vient bousculer l’arc-en-ciel
En sa beauté ancestrale

La mer, éclaboussée d’or
Fait au vent déboussolé
Un lit où tu peux encore
Poser tes baisers salés

Mon corps, couvert de corail
Qui se cambre sous ta peau
Toujours, te sert de bercail
Quand le temps plie son manteau

Ton sable reste collé
Entre nos ventres gourmands
Sous tes iris pailletés
En ruban sur mes seins blancs

Un croissant flotte sur l’eau
Refoulant chaque marée
Il devient notre radeau
Pour nos rêves d’hyménée

Quand, sur le toit de la sphère
Le soleil nous reviendra
En voyant l’astre sur terre
Il convoquera Chandra

Devant notre grand amour
Qui défie les dictons
Il déposera le jour
Sur l’océan des passions

Et tout en haut de la dune
Il scellera notre union
En comprenant que la lune
Est tombée en pâmoison

jeudi 11 juin 2009

Cheyenne Automne


Un aigle blanc
Au col d’argent
M’a repérée

Ce faux Sultan
C’est indécent
Brandit l’épée

Il veut me voir
Puis m’émouvoir
M’apprivoiser

De l’entonnoir
Du désespoir
Me désaxer

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je vais tomber

J’attends le soir
Pour l’entrevoir
Hors du miroir

Dans le couloir
De ses yeux noirs
J’attends l’espoir

De mon passé
Il veut ôter
L’ô ouaté

Et sur mes seins
Tatoue l’essaim
De sa beauté

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je vais sauter

Sa langue bleue
Sème le feu
Sur mes lèvres

Je joue le jeu
En camaïeu
Sous sa fièvre

Mon coup de cil
Le rend fébrile
Incandescent

Sous mon nombril
Se tend le fil
Coule le sang

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je vais l’aimer

Femme le jour
A contre-jour
Pour lui, je vis

Louve la nuit
Contre l’ennui
En moi, il gît

Battement d’aile
A tire d’Elle
Me désattelle

Je suis vaincue
Me voilà nue
Dans l’éternel

Alors, demain, si je pars
Surtout ne me dis rien
C’est trop tard
Du sommet de mon rocher
Le souffle court et léger
Je veux voler

mardi 9 juin 2009

Passe l'hiver



Qu’attends-tu donc de moi ?
Veux-tu m’anéantir ?
Pour la centième fois
Je songe à tes désirs

N’aurais-je reçu de toi
Que le goût du plaisir?
Je sens ce manque de toi
Amour, qui me déchire

Tous les hivers qui passent
Toutes ces nuits sans tes mains
Mes pensées dans la glace
Se gèlent sans lendemain

Qu’obtiendras-tu de moi ?
Dois-je t’appartenir ?
Ta passion dort en moi
Ne cesse de grandir

Ne retiendrais-je de toi
Qu’un ultime souvenir?
Mon corps gémit sans toi
Amour, sans te mentir

Et toutes ces nuits me lassent
A te chercher en vain
Nul autre n’aura sa place
Tout au creux de mes reins

Que diras-tu de moi
A celles qui te croiseront
A celles qui goûteront
A tes curieux émois?

Je garderai de toi
La neige et son manteau
Une âme en oripeaux
Et tes pupilles sur moi

De ces journées glacées
De ces matins cendrés
J’emporte la gelée
Te laissant le brasier

Qu’adviendra-t-il de moi
De ce cœur essoufflé
De ce corps enchanté
Dans son grand lit de soie?

Je rêvais d’un soleil
Pour tous notre grand amour
Habiller de vermeil
Nos promesses de toujours

De chaque drap froissé
Je garde les pliures
De tout ce temps passé
Je t’offre les murmures

De nos hivers fanés
De nos nuits embrumées
De ces jours enneigés
De ces draps chiffonnés

Je garderai la trace
Que tu leurs a laissé
Du bout de mon impasse
Je t’envoie mes baisers
Texte de chanson (duo Nostalgia)

jeudi 4 juin 2009

La petite fille aux yeux clairs


La petite fille aux yeux clairs
S’est éveillée dans le matin
Au bord des yeux, une rivière
Coulait jusqu’au creux de ses mains

Elle aurait voulu de sa mère
Un geste tendre ou un regard
Pouvoir encore tout comme hier
Rejouer à Colin-maillard

Elle se rappelle des jours heureux
Où, sous le soleil en été
Quand, sur ses genoux vigoureux
Elle contemplait l’éternité

Dans ses petits chaussons de soie
Elle se dirige vers la chambre
Et se souvient du matin froid
Qui s’empara de sa peau d’ambre

Debout devant la porte close
Si elle abaisse ses paupières
Elle la voit dans sa robe rose
Ou dans un long manteau d’hiver

Ses souvenirs en pagailles
L’aident à grandir dans l’absence
Pourquoi fallait-il qu’elle s’en aille
Tirer si tôt sa révérence ?

Le soir venu de l’au-delà
Quand la nuit gît sur les collines
Elle priera Marie Divine
Puis, le sommeil la gagnera

Demain sera un nouveau jour
Avec d’autres vides à combler
Mais la fontaine de leur amour
Toujours saura la consoler

mardi 2 juin 2009

La mélopée d'Ambrosia


On la voit danser dès l’aurore
Entre les ronces et les genêts
Quand les lys humides encore
S’offrent à ses doigts par bouquets

Légère comme une vaguelette
Elle ondule sous les sapins
Le chant léger des alouettes
Fait une aubade à son destin

Le vent dans sa langue muette
Fait tournoyer sa chevelure
Qu’une pluie parfois aigrelette
Agrémente d’un doux murmure

De tous les hivers en partance
Elle a la grâce et la beauté
Et le brin de son élégance
Fleurit au coeur de sa bonté

Son regard vif, son œil brillant
Plongent au milieu des jalousies
Toutes les princesses d'antan
et les louves d’Abyssinie

Ambrosia vit dans la clairière
Où pousse aux revers des saisons
Sur le bord d’une jarretière
Un amour piqué de chardons

De tout ce qui la désattelle
De la fausse trame du temps
Elle fait des rires en dentelle
Qu’elle coud au pli de son tourment

Du plus élégant carabin
Au fier et beau ménétrier
Chacun vient convoiter sa main
Mais elle ne veut se marier

Elle n’a d’yeux que pour un berger
Qui aime et rit dans le silence
D’un mistral qui sait apaiser
Tous les sévices de l’absence

Sa bouche a le rouge des roses
Ouvertes aux matins de rosée
Qu’il sait embrasser de sa prose
Et de la poésie d’Orphée

Ambrosia ne fut qu’un mirage
Le tout petit bout d’une histoire
Qui se défait comme un nuage
Et puis s'endort dans un grimoire

...à celui qui a écrit pour elle...