Mon portable frétille au fond de mon manteau
Sous l’accent inaudible et secret de tes maux
Son écran illumine le creux de mon paletot
Et je meurs d’impatience d’y retrouver tes mots
Je plonge enfin la main dans une de mes poches
Pour sentir ta présence et ton désir tout proche;
En vibrant sous mes doigts, il attise l’envie
D’être plus près de toi sur ma ligne de vie
Ce n’est pas un message que l’on dirait vocal
Mais un petit texto loin d’être très banal
J’en aime chaque lettre écrite en majuscule
Et tes fautes d’accord après les points-virgules
L’espace était trop court à la fin du message
Pour y mettre un aveu qui se fraie un passage
Tu me dis que tu m’aimes mais le e s’est perdu
Dans les profonds méandres d’un serveur inconnu
Les passants de la rue me regardent en riant
Et se disent tout bas que je lis mon amant
Mais je ne te connais ni d’Eve ni d’Adam
Et pourtant je sais tout de tes rêves brûlants
Je t’ai croisé un soir, c’était sur un clavier
Entre nous deux ce fut un peu particulier
Un amour amitié, un mystère envoûtant
Un lien inaltérable et toujours grandissant
Entre pouce et index, mon petit téléphone
A cessé de trembler et moi je suis aphone
Je voudrais t’appeler mais tant pis, je t’écris
Pour te dire que ce soir, je serai à Paris
Plus de temps pour l’amour, je n’ai plus de batterie
Voilà que tout s’éteint et je suis en furie
C’est cruel ces choses qu’on adore pourtant
Et qui font que, parfois, on a le cœur battant