mardi 2 décembre 2014

Nos voyages en poésie

 
 
 
 
Sur le long quai des rimes, nous marchions tous les deux

Bousculant les syllabes alignées sur un rang

Où dansaient des voyelles, toutes habillées de bleu

Et des consonnes aux joues plus rouges que le sang


Quelquefois fatigués, nous faisions une pause

Dans un petit bistrot où nous buvions nos vers

En susurrant des mots aux arômes de prose

Dont le sens profond se cachait au revers


Et puis, nous repartions, les pieds bien reposés

En sautant les virgules et les ponctuations

Comme font les enfants dans la cour de récré

Quand l'horloge du temps fait sa dissertation


Enivrés de quatrains et de très beaux tercets

Titubant sous nos plumes, tombées d'un encrier

Nous prenions les chemins qui mènent aux sonnets

Dont la chute, au final, était belle à croquer


Sous les ponts désertés, coulait la poésie

Et nous allions nager en nous tenant la main

Avant de regagner les berges de nos vies

Où poussaient des poèmes pour chaque lendemain

 

mercredi 22 octobre 2014

Targui mystérieux



Sur les dunes brûlantes où tu marches toujours
Emportant, sur tes lèvres, le goût de mon prénom
Entends-tu, à nouveau, l'écho de mon amour
Que le vent te dépose sans demander ton nom?

Targui mystérieux au visage de sable
Je voudrais enlever tes rubans poussièreux
Pour deviner, enfin, ton chant insaisissable
Et voir jaillir l'eau claire à l'orée de tes yeux

Ton désert et le mien n'ont pas la même pluie
Mais il savent combler les mille et une nuits
Où nos rêves humides éveillent nos envies
Quand le grand astre d'or se retire et s'enfuit

Ne te retourne pas, avance droit devant
Va ceuillir, dès demain, le lotus des sables
Afin de le conduire sous le soleil levant
Dans le seul oasis où s'écrivent les fables
 

 

lundi 20 octobre 2014

Je l'ai aimé un jour

 
 
Je l'ai connu un jour
Au détour d'un poème
Qui disait que l'amour
Est enfant de bohème

Je l'ai séduit un soir
Quand ma jupe fendue
Brisa son désespoir
Pour le mener aux nues

Je l'ai croisé souvent
Sur le bord d'une rime
Où la danse du vent
Caresse chaque cime

Je l'ai couché parfois
Sur le lit du désir
Quand le son de ma voix
N'était qu'un long soupir

Je l'ai touché aussi
Comme on touche un amant
Le poussant vers l'oubli
Le corps tout chancelant

Je l'ai aimé d'amour
Sans trop savoir pourquoi
Je l'aimerai toujours
Je le sais, croyez-moi

Je l'ai laissé pourtant
Là-bas, sur l'autre rive
Quand mon coeur chavirant
Partait à la dérive

Je l'ai rejoint enfin
Là, où nul ne sait
Si hier et demain
Se conjuguent à jamais

mercredi 1 octobre 2014

Les amants de la toile

 
 
Les amants de la toile ont cessé de s'aimer

Car leur si grand amour a fini par sombrer

Au revers d'une toile distendue à jamais

Qui n'ouvre plus les portes d'oniriques palais


Il écrivait, pour elle, tous ses plus beaux sonnets

Avouant son amour dans le dernier tercet;

Elle rédigeait, pour lui, à l'encre de la nuit

Des poèmes en vers rimant à l'infini


Des femelles jalouses rêvaient de dévorer

Le fruit de leur passion qu'ils adoraient croquer

Sous les yeux des quidams désireux de savoir

Si ils faisaient l'amour entre les mots du soir


Puis, un jour, il céda aux chants d'une sirène

Et l'épousa, alors, pour en faire sa reine

Mais il revint toujours dans un lieu très discret

Pour écrire à la fleur qu'il aimait en secret


Les amours impossibles s'endorment bien souvent

Sur des lits désertés que transporte le vent

Mais qu'un vol de mouettes ravive au printemps

Car leur coeur bat encore sur la ligne du temps


Les amants de la toile ont-ils vraiment cessé

De s'aimer d'un amour qui ne veut pas sombrer

Au revers d'une étoile disparue à jamais

Mais qui brille chaque fois que la lune renaît

mercredi 5 mars 2014

La Toinette

 
 
 
Elle était belle la Toinette
Dans sa robe bien ajustée
Dont les bouquets de paquerettes
Habillaient sa gorge rosée

Tous les garçons de son quartier
Avaient pour seule idée en tête
D'un jour pouvoir la déflorer
Et d'être l'élu de la fête

Elle était belle la Toinette
Quand elle allait sur les chemins
Fredonnant une chansonnette
Dont tous connaissaient le refrain

Tous les hommes des alentours
Etaient charmés par sa beauté
Et lui faisaient un brin de cour,
Saluant sa virginité

Qu'elle était belle la Toinette
Quand, un jour, elle revint des champs
Où elle entrouvrit la braguette
D'un jeune et très beau paysan

Sous son front brillant de sueur
Ses joues étaient d'un rouge sang
Et sa jupe déboutonnée
Cachait un pas très nonchalant

Elle était belle la Toinette
Dans sa tenue de mariée
Au bras de monsieur Laspalette
Si fier de sa dulcinée

Et les commères du village
Avaient de la conversation
Car, depuis son dépucelage,
La belle avait le ventre rond!