Touche si tu veux
Le haut de mes bas
Jouons à ce jeu
En parlant tout bas
La maille qui naît
À l’orée de soie
Est le seul attrait
Du bout de tes doigts
Si l’oeillet brodé
Ne se cueille pas
Il est imagé
Pour guider tes pas
Ne sois pas pressé
Mais très délicat;
Tu es invité
Du haut jusqu’en bas
Je veux sur mes seins
Un zeste d’encens;
Au bas de mes reins
Un voile d’Orient
Sur le fil tiré
Du haut vers le bas
Ton cœur effilé
Ne survivra pas
Et quand, de plaisir,
Sur mon île nue
Tu viendras mourir
L’âme décousue
Pose ton bouquet
De fleurs parfumées
Sur l’endroit secret
De ta bien aimée
Puis, pour me combler
Ecris un sonnet
Où le verbe aimer
Se lie au tercet
J’ai remonté ma jupe
Sous tes yeux attendris
Surtout ne sois pas dupe
Je te veux cette nuit
Pose sur mes genoux
Tes mains gantées de rien
Et tes doigts aussi doux
Qu’un plaisir diluvien
Viens oublier les jours
Et les nuits trop grises
Là où survit l’amour
Que ma chaleur enlise
Mes cuisses sont plus douces
Que le sourcil des Dieux
Je sais , je te courrouce
Et tu es amoureux
Ne te fais pas prier
Glisse sous le satin
Je voudrais t’inviter
À toucher l’incertain
Au confluent de l’île
Viens perdre ton salut
Je ferai de ton « il »
Un prénom de vertu
Sous la bride dorée
Je devine un désir
Une lime effrontée
Dont tu ne veux rougir
Viens donc me parer
De tout ce que j’attends
Et enfin délier
Ce noeud que tu me tends
Avant lui, j’embrassais les filles
Dans les dortoirs de mon lycée
Quand la lune, sous la mantille
Devenait la seule invitée.
De leur « lipstick » édulcoré
J’aimais le doux parfum de fraise
Ce goût parfois si prononcé
Qui enflammait l’instant de braise.
Chaque matin, au réfectoire
Lulla ne regardait que moi
Et dans l’éclat de ses yeux noirs
Je devinais tout son émoi.
Un soir d’orage, après minuit
Dans la douceur de la chambrée
Elle vint se glisser sur mon lit
Toujours un peu intimidée.
Comme la rosée se dépose
Sur la fleur d’un songe d’été
Elle offrit un bouton de rose
À mes hanches de vahiné.
Ses petits seins ronds et parfaits
Caressaient mon âme bleutée
Quand perlait de sa peau de lait
L’Ô de la joie apprivoisée.
Nos corps liés et déliés
Sur le souffle léger du temps
Laissaient aux draps désordonnés
La pluie divine d’un printemps.
Quand deux colombes volent haut
Les Dieux les regardent passer;
Le vent bascule les chapeaux
Des grenouilles de bénitiers.
Dans les vapeurs diaphanes
De cet amour au féminin
Je vis, tracés en filigrane
Les interdits de mon destin.