mercredi 23 mai 2012

Intimité


Ta langue, entre mes cuisses, rend mon intimité
Liquide en ce calice où tu viens t'abreuver
Quand la lune nous offre un peu de son quartier
Où nous trouvons refuge, dévêtus à moitié

Tes paumes sur mes seins font de mes aréoles
Des roses chiffonnées dont le bouton grenu
S'ouvre au soleil grimé en des lieux impromptus
Dans la nuit où je t'offre mes plus belles corolles

Je ferme un peu les yeux et je vois ton désir
Tendu entre tes mains et la peau distendue
Quand ton envie d'aimer reste, au temps, suspendue
Et que je m'aventure en robe de plaisir

Tu te caresses, alors, sous le silence hagard
Qui tourne autour de toi simulant mon absence
Et quand tu sens venir, en toi, la quintessence
Je pose un dernier mot sur le fil du hasard

Une voyelle errante entourée de mystère
Capture enfin ton souffle, si longtemps retenu
Et soulève sa robe dévoilant mon corps nu
Où vole ta semence aux pieds des primevères

jeudi 17 mai 2012

Je n'avais que 17 ans








J’avais tout juste 17 ans
Un corps de rêve, affriolant
Des cheveux longs, plutôt lissés
Et le regard brun pailleté

Toi, tu avais la cinquantaine
Et tu arrivais d’Aquitaine
Marié depuis plus de 20 ans
Et père de quatre beaux enfants

Un voisin bien intentionné
A cru bon de nous présenter
En ce banquet de fiançailles
Qui précède les épousailles
Nous avons parlé de la pluie

Des aléas de nos deux vies

Bercés par quelques musiciens
Ton corps s’est mis contre le mien
Je t’ai pris gentiment la main
Au bout du tout dernier refrain

Puis, t’ai conduit dans une chambre
Où régnait une odeur de camphre
Tu avais toujours ce « leica »
Accroché au dessous du bras

Alors, pour toi, j’ai pris la pose
Esquissant les métamorphoses
Tu as pris quelques beaux clichés
Et nous nous sommes embrassés
Puis, tu es parti sans mot dire
Pour ne plus jamais revenir

Après tant d’années de silence
Le facteur a brisé l’absence
En déposant un pli curieux
Dans ce matin gris et pluvieux

C’était une photo de moi
Que tu aimais beaucoup, je crois
Avec, au dos, écrit en bleu
Des mots lisibles, encore un peu
Ces mots que tu n’as pu me dire
Car j’aurais pu te retenir:
« Nous ne pourrons pas nous aimer
Mais je ne pourrai t’oublier »

Dans le miroir de mon salon
Le temps, soudain, paru abscons;
Mes quelques rides, au bord de yeux
Ont, en mémoire, ce jour heureux

mardi 15 mai 2012

F comme...




Quand je défais ton ceinturon
Je te sens prêt à l’abandon
Ton pantalon sur les genoux
Me laisse entrevoir tes dessous

Alors que tu oublies ton ex
Entre les pouces et mes index
Je descends le bord du tissu
Libérant ton sexe tendu

Si l’érection de ton phallus
A la raideur du cactus
Le gland sorti de son cocon
A la brillance du bourgeon

C’est à ce fruit si défendu
Que je vais ôter la vertu
En le touchant  à ma façon
Sans égard et sans concession

Tes mains posées sur mes cheveux
Choisiront le rythme des Dieux
Pour que tu atteignes le ciel
En t’accrochant au pont de fiel

Et toi, de façon cavalière
Tu choisiras en ce repère
L’instant liquide et impromptu
Du plaisir longtemps retenu

Je recevrai de cette coupe
Sur ma langue mise en soucoupe
Le jus mêlé de raisin blanc
Encore onctueux et brûlant

Dans un soupir de mourant
Tu diras d’un ton larmoyant
Que ma bouche est un précipice
Le sérail de tous les vices

vendredi 11 mai 2012

L'ombre




C’était un soir de solitude
Un soir de lassitude
Où je n’attendais rien…

Rideaux tirés,
Portes fermées,
Je ne voyais plus la lune,
N’entendais plus le murmure du vent
Le chant de la pluie…
Et tu es apparu,
Sorti de nulle part et d’ailleurs à la fois,
Sous la cape du destin et du hasard…

Tu m’as tendu la main,
Et montré le chemin…
Alors, j’ai dessiné sans fin,
Ton grain de peau et ton sourire
Imaginé ta voix,
Retenu ton souffle …

Tu m’appelais « Demoiselle »
Et cela me donnait deux ailes…

À ce festin inattendu ,
Un hôte s’est invité sans mot dire
Il s’appelait…désir…je m’en souviens encore…
Il a possédé mon visage, mon âme
Et puis mon corps tout entier…

Je t’ai aimé si peu de temps…
C’était hier, c’était un soir…
Je ne sais pas…je ne sais plus
Je sais que tu t'es reconnu
Toi, le visiteur des heures tardives...
Et demain, encore, je te chercherai…