mercredi 29 décembre 2010
Le mari d'Augustine
Certains soirs à minuit, j’allais au presbytère
Afin d’y retrouver le mari d’Augustine
Qui n’avait, à en croire de très vieilles commères,
Pas la moindre tendance aux prouesses câlines
Je le voyais souvent le dimanche à la messe
Où notre vieux curé chantait comme un poivrot;
Il ne se gênait pas pour admirer mes fesses
Cachées sous mon jupon rouge coquelicot
Pour ne pas être vus, nous nous couchions par terre
Sous un très haut lampion qui ne fonctionnait plus
Il s’agitait sur moi de façon cavalière
Et c’est ainsi, qu’un jour, j’en perdis ma vertu
Aujourd’hui, nous voilà dans ce grand cimetière
Car Jason a rendu son tout dernier soupir
Mais, si je fais pour lui une ultime prière,
Je me sens tourmentée par un nouveau désir
Car je suis sous le charme de ce beau fossoyeur
Qui retourne la terre autant que mes pensées;
Il est jeune marié mais, dans ses yeux rieurs,
Je devine un attrait pour ma peau satinée
Alors, j’irai demain derrière le presbytère
Le corps à demi nu sous une moire de soie;
Je resterai debout contre le mur de pierres
En attendant qu’il vienne se frotter contre moi
Ne soyez pas outrés si je suis libertine
J’aurais pu préférer notre nouveau curé
Qui prie, chaque soir, pour mon âme coquine
Dont il reçut, jadis, l’avant-goût du péché
mercredi 22 décembre 2010
Dessinez-moi, chéri
Dessinez-moi, chéri, sur le pan de la nuit
Les courbes de nos corps quand nous faisons l’amour
Insistez sur le rouge , n’y mettez pas de gris
Soyez assez précis sur mes jolis contours
Posez, sur le trépied, une toile assez grande
Pour que nos corps épris puissent s’y allonger
N’oubliez pas, surtout, un peu du bleu lavande
De ces bouquets de fleurs dont j’aime m’enivrer
Dans mes cheveux défaits, accrochez-y aussi
Une fleur de lotus, sur le bord de ma tempe,
Symbole inéluctable d’un amour infini
Puis, signez, tout en bas, le fruit de votre estampe
Quand tout sera fini, montrez aux inconnus
Ce qu’un homme amoureux peut faire sans répit
L’âme très envoûtée, le corps à moitié nu
Pour une demoiselle qui porte ses rubis
lundi 20 décembre 2010
Toi et le vent
Avenue Gambetta où tu marchais naguère
Parmi tous les quidams, ces ombres passagères
Là où subsiste encore un peu de nos chimères
Il y a toi et le vent
Sous le pont des Soupirs, où passent les gondoles
Transportant les amants devenus trop frivoles
Dans la moiteur exquise de longues farandoles
Il y a toi et le vent
Dans mes nuits sans sommeil jusqu’à cette aube claire
Quand l’horizon rejoint la pénombre lunaire
Sous le lit des étoiles que rien ne peut défaire
Il y a toi et le vent
Sur ce long quai de gare où tu restais longtemps
Sous l’horloge muette qui te dictait le temps
Retroussant les secondes à l’orée du printemps
Il y a toi et le vent
Sur la plage dorée où tu me fis la cour
Quand la vague hurlante agonisait d’amour
Sur nos deux corps brûlants, couchés à contre-jour
Il y a toi et le vent
Sur les côtes d’Irlande et ses monts embrumés
Là où nos cœurs épris, un jour, se sont trouvés
En croisant quelques mots sur des papiers glacés
Il y a toi et le vent
Où le soleil se couche offrant un ciel de feu
Aux mouettes qui dansent la valse d’un adieu
Pour deux âmes perdues sur le fil d’un aveu
Il y a nous et le vent
Dans tes silences longs et ce vide inouï
Où tes pensées secrètes sont des rêves enfouis
Dis-moi mon cher amour, dis-moi seulement si
Il y a moi et le vent
lundi 13 décembre 2010
Tatouage bleu
Tout au fond de la classe,
Quand je vois ses grands yeux
Je sens l’amour qui passe
Dans un chariot de feu
Il est, des étudiants,
Un des plus érudits;
Son babil est troublant
Quand il me contredit
Il est d’un autre temps,
D’une époque lointaine,
Il n’a pas vingt printemps
Et sa beauté m’enchaîne
Quand il vient près de moi
J’ai peur de le toucher
Et ce besoin, parfois
Finit par me hanter
Il m’offre des sourires
Dont je sais le langage
Et ses éclats de rires
Étirent mon corsage
Je veux tout lui apprendre
Le pire et le meilleur
Et le délit si tendre
D’une note mineure
Je regarde dehors
Les mains vers l’horizon
Et espère son corps
Sous mes doigts de coton
Sur le mur de la nuit
J’accroche un dernier rêve
Tout en cherchant l’oubli
D’une attente sans trêve
Tout me semble si vide
Soudain, j’entends un bruit
La seconde est livide
Je n’attends plus que lui
Il pousse enfin la porte
Je devine son pas
Déjà, il me transporte
Je ne résiste pas
Sur mes hanches de daim
Où perlent nos sueurs,
À l’encre et au fusain
Il vient tracer nos coeurs
Demain, il restera
De nos jeux amoureux
Le trait si délicat
D’un tatouage bleu
mardi 7 décembre 2010
Le triangle amoureux
Vous m’avez dévêtue
En toute intimité
Une nuit de décembre
Dans une chambre close
Vous avez effeuillé
Chacun de mes désirs
Enlisés de sueur
Et d’idées pernicieuses
J’ai ressenti vos corps
Emprisonner le mien
Sous vos mains cavaleuses
Je n’avais de répit
Vos bouches sur la mienne
Vos lèvres sur mes joues
Me grisaient de plaisir
Jusqu’à l’ivresse nue
Je fus dans l’absolu
Le jouet de satin
La poupée de jouvence
La rivière en ce lit
J’ai savouré vos langues
Comme des fruits confits
Dans le sucre nacré
De croustillants sévices
Sur le mont de Vénus
Vous étiez citadins
Gardiens de forteresse
Braconniers affamés
Dans ce triangle rouge
A vous, j’étais offerte
Telle une proie sans loi
Éclaboussant vos doigts
Sous l’arc de me reins
Vous ne faisiez plus qu’un
Et vos souffles lascifs
Etouffaient le satin
J’ai perdu connaissance
Sous vos vaillants assauts
Et retrouver l’aisance
De séduire à nouveau
Au masculin pluriel
De vos fantasmes bleus
Je fus si singulière
Sur l’XL de la joie
Au revers de l’hymen
Vous avez accroché
Votre gémellité
Dans les plis de la joie
Au premier chant d’oiseaux
Je me suis évadée
Laissant, sous vos yeux clos,
L’éclat de ma beauté
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