
Certains soirs à minuit, j’allais au presbytère
Afin d’y retrouver le mari d’Augustine
Qui n’avait, à en croire de très vieilles commères,
Pas la moindre tendance aux prouesses câlines
Je le voyais souvent le dimanche à la messe
Où notre vieux curé chantait comme un poivrot;
Il ne se gênait pas pour admirer mes fesses
Cachées sous mon jupon rouge coquelicot
Pour ne pas être vus, nous nous couchions par terre
Sous un très haut lampion qui ne fonctionnait plus
Il s’agitait sur moi de façon cavalière
Et c’est ainsi, qu’un jour, j’en perdis ma vertu
Aujourd’hui, nous voilà dans ce grand cimetière
Car Jason a rendu son tout dernier soupir
Mais, si je fais pour lui une ultime prière,
Je me sens tourmentée par un nouveau désir
Car je suis sous le charme de ce beau fossoyeur
Qui retourne la terre autant que mes pensées;
Il est jeune marié mais, dans ses yeux rieurs,
Je devine un attrait pour ma peau satinée
Alors, j’irai demain derrière le presbytère
Le corps à demi nu sous une moire de soie;
Je resterai debout contre le mur de pierres
En attendant qu’il vienne se frotter contre moi
Ne soyez pas outrés si je suis libertine
J’aurais pu préférer notre nouveau curé
Qui prie, chaque soir, pour mon âme coquine
Dont il reçut, jadis, l’avant-goût du péché